J'en suis déjà rendue à un mois de mon départ de l'Italie. Le temps a passé à une vitesse vertigineuse. Je savais avant de partir que cette période de 3 mois serait vite passée. J'étais loin de me douter par contre que je passerais autant de temps dans le Sud de l'Italie et que je ferais si peu de rencontres intéressantes. Je considère que les gens que l'on croise sur notre route font également partie des plaisirs de voyager. Parce que c'est à travers ces rencontres qu'on peut vraiment sentir le pouls d'une ville, d'une région, d'une communauté et comprendre la mentalité d'une population. Bien que je constate que mon italien s'améliore grandement, cette distance avec les siciliens n'évolue absolument pas aussi rapidement. J'ai la profonde conviction que ce n'est qu'une question de mauvaise chimie ou tout simplement un manque d'affinités. Je n'ai pas encore trouvé lequel s'applique à ma situation. On m'a souvent dit que les siciliens sont un peu comme les corses. De par la dureté de la vie et leur histoire, ils sont méfiants de nature. Et peu tolérants face aux étrangers. Il ne font que très rarement des efforts pour démontrer une quelque sympathie envers ceux-ci. Je ne veux certainement pas porter de jugement envers ce peuple, mais j'ai pu tout de même constaté à plusieurs reprises cet désinvolture envers les touristes, Je me suis pourtant installée dans une ville où le tourisme demeure la principale source économique de revenus dans la région. Mais on y porte peu attention.
J'ai d'ailleurs eu une discussion à cet effet avec Nicola, mon propriétaire d'appartement ici à Trapani, qui m'expliquait qu'il existe une inconscience de la part des dirigeants de cette ville qui ne font rien pour sensibiliser la population à l'importance du tourisme pour l'économie de la région. Selon Nicola, la ville aurait avantage à améliorer cet aspect qui créérait non seulement l'envie chez les touristes de venir ici mais également une fierté au sein de la population pour le reflet d'une communauté riche et florissante.
Un autre aspect important est la relation des siciliens avec les étrangers. Rob, le propriétaire anglais du B&B où j'ai été hébergée pendant mon séjour à Catane, m'expliquait à son tour que même s'il s'est installé en Sicile il y a bientôt 10 ans, il y a encore parfois des moments où il se sent encore étranger dans sa ville, Malgré le fait qu'il a le réel sentiment de s'être adapté entièrement à sa communauté depuis les 5 dernières années. D'abord, à cause de sa langue maternelle (l'anglais). Il me disait qu'il lui a fallu au moins 2 ans avant de maîtriser parfaitement l'italien. Du coup, difficulté d'établir des contacts au sein de son entourage et établir un climat de confiance autours de lui. Ensuite, ses origines et sa culture anglaise. Selon lui, les siciliens sont très territoriaux et ne jurent que par leur culture et leurs mœurs. Dans ce coin de pays où la religion catholique est omniprésente, les siciliens s'en sont appropriée et en ont fait leur manière de vivre. Du coup, même si l'on est catholique pratiquant (ou non), si on n'adhère pas à leur façon de pratiquer cette religion et/ou de vivre quotidiennement avec les valeurs que celle-ci prodigue (ou les coutumes qu'ils ont), on ne peut faire pas partie des leurs. Et comme ils s'attendent à ce que l'on connaisse leurs mœurs instantanément parce qu'ils n'ont ni l'envie ni le désir de prendre le temps de nous les enseigner, et bien on fait face à une fermeture d'esprit inévitable.
Malgré tout, Rob m'a assuré que pour rien au monde il ne retournerait vivre à Londres. Il prétend que la fermeture d'esprit des anglais est encore plus grande et rigide que celle qu'on retrouve ici en Sicile. Selon lui, les anglais sont d'avantage pris par des principes contraignants et inutiles. Rob aime cette culture et a réussi à bien s'y intégrer malgré de longues années d'adaptation. Mais comme pour tout étranger quittant son pays pour en adopter un autre, il est conscient qu'il sera toujours considéré aux yeux des siciliens qui l'entourent comme un immigrant. Quelqu'un qu'on accepte, qu'on respecte et qu'on tolère, mais qui ne fera jamais partie des nôtres réellement.
J'avoue que ma quête de découverte de mœurs dans ce voyage est quelque peu décevante jusqu'ici. Il est vrai qu'à un mois de la fin de ce périple, il me reste tant de choses, d'endroits, de gens à découvrir que j'ai bien peur n'avoir suffisamment ni le temps ni le budget pour assouvir ma curiosité de globe trotteur en herbe. Après mes escapades à venir (Milan, Venise, Rome et Florence), j'espère avoir au moins la chance de revenir à Montréal avec la satisfaction d'avoir rapporté avec moi des moments uniques qui auront ou non des répercussions sur ma vie en général. Pour le moment, je n'en ai recueillis que très peu.
On dit que les voyages forment la jeunesse. Moi j'ajoute que les souvenir qu'on en rapporte renforcent tout le reste et font très certainement une meilleure personne de soi-même.
Prochain périple: 8 jours à Milan et Venise à compter de jeudi, le 18 avril. Sono molto pronta!